8 Décembre 2014

L’oeil du cyclone s’éloigne progressivement laissant derrière lui le chaos, un désir ardent, un concentré de vie.

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Le cancer, n’est pas le cancer, c’est une expédition, le débarquement massif de charabia dans sa vie. Rien à foutre d’aller consulter une diététicienne, j’en ai pas besoin. Rien à foutre de la sagesse tibétaine, hindouiste, bouddhiste, pas plus que de la pratique du yoga ou de la respiration transcendantale, du nirvana ou de la méditation. Pourtant tout prend une résonance  nouvelle. C’est une lutte, la stratégie est simple : mettre tous les atouts de son coté.  Le monde entier prend subitement un intérêt particulier.  D’ailleurs ceux qui veulent prier, soit, ça ne peut pas me faire de mal !

Pour autant ma vie entière ne tourne pas autour de ça, merde ! C’est pas mon problème, je fais ce que j’ai à faire, je fais ce qu’on me dit, ce qui est bien pour moi, mais surtout qu’on me foute la paix. Que je me foute un peu la paix aussi ...

Tout change. Comment ne pas changer ? Jusqu’à quel point changer ?

On ne maitrise rien, voilà la première chose qui saute aux yeux. Mes convictions sont finalement très relatives. On peut souffler, rien ne sert de chercher un sens, trop occupée à ne pas être submergée par ces nouveaux diktats qui s’imposent. Non mais ça va hein !

Me voilà en route pour un nouveau monde, je n’ai pas choisi, tant pis. Autant en profiter. L’idée de subir me fait horreur. D’abord je ne suis pas malade, j’ai une tumeur, c’est à dire des cellules qui ont déconné, à un moment, il faut les stopper. Point.  Non je ne passerai pas mon temps à m’auto ausculter. De toute façon, je ne deviendrai pas médecin, je n’irai pas à la pêche aux théories, statistiques, traductions, témoignages ou autres investigations. J’en sais déjà assez.

C’est très étrange, dans ces moments là, sa propre vision des choses prend des tournures paradoxales mais pas forcément désagréables. Quelque part, on se sent à l’abri. On connait ses priorités, on a identifié son problème et comment le résoudre. A quel autre période de ma vie ai-je été aussi sûre de mes priorités ? Ce que j’ignore encore c’est ce qui en moi va se transformer, ce qui va mourir ou se renforcer. L’inconnue c’est moi. Je ne sais pas qui je serai après, ni même qui je suis maintenant d’ailleurs. Je suis moi par habitude, d’abord parce que je me suis assez fréquentée pour me trouver confortable, je maitrise mes esquives, mes carapaces, mes automatismes mais je sens bien que j’ai pris un virage. Le cyclone, c’est la nouvelle. Après c’est une route et j’adore les routes. Alors, allons-y.