Ode au TEP SCAN

Jardin des sculptures Nouvelle Orleans
Jardin des sculptures Nouvelle Orleans

Ca y est. J’ai enfin compris le fin mot de l’histoire du TEP / PET Scan ... En réalité, je dois l’avouer, j’ai simplement pris 2 secondes pour chercher sur internet, chose que je n’avais pas faite avant pour la bonne raison que je me méfie de tout ce que le net peut m’apprendre concernant de près ou de loin ma pathologie. Bref, définition de santé magazine : « Le PET scan ou TEP en français pour Tomographie à émission de Positons est un procédé d'imagerie médicale dont le but est d'étudier l'activité d'un organe. » Ca donne envie non ?

 

Très intuitivement, j’ai donc saisi que la nuance entre PET et TEP était de l’ordre de la langue.  

 

Bon, ça, c’est fait.

 

Toutefois, c’est pas parce que j’ai compris la nuance et que je connais la définition que je suis plus motivée à l’idée de pénétrer dans un tube qui fait des lumières et des bruits après qu’on m’ait injecté un produit radioactif (même si je ne suis plus à ça près). J’ai donc décidé, en accord avec les différentes parties de moi même, de lui adresser une lettre de réconciliation.

 

Mon petit TEP Scanou, ou PET enfin, bref, maintenant je peux faire ma belle, je connais le secret de ton nom mystérieux. Je sais aussi que tu as été créé pour aider les gens. Les gens comme moi par exemple. Tu dédies ton existence à décortiquer et scruter chaque centimètre afin de déceler la moindre particule diabolique du sommet du crâne au bout des orteils. C’est pourquoi je suis consciente d’être un peu indigne de rechigner à te revoir alors que tu n’es qu’une innocente mais néanmoins efficace machine. Mais faute avouée à moitié pardonnée, pas vrai ? Tu m’as déjà accueillie en ton for intérieur une fois. Je n’oublierai jamais notre première rencontre.

 

Musique niaise de fond.

 

Dans un de ces états seconds que l’on ressent à l’annonce d’un cancer, une fois qu’on a bien saisi que cette fois-ci, c’est pour sa gueule et pas celle d’à coté, les médecins ont arrangé notre petit rendez-vous. Je te l’avoue aujourd’hui, ça faisait déjà une semaine que je ne pensais qu’à toi. Les nerfs à l’orée de l’implosion, on m’a placé dans le sas pour les préparatifs. Une salle composée de plusieurs lits séparés par des demi cloisons, je m’allongeai au plus près de la fenêtre d’où je pouvais entrevoir la gaie luminosité du mois de  Décembre et un bout de mur. On m’avait administré la substance radioactive, je devais alors rester tranquille en attendant qu’elle fasse son oeuvre. Tranquille. En effet, j’étais d’une tranquillité absolue. Alors que l’infirmier me recouvrait de la quatrième couverture, j’étais encore prise de spasmes alors que ce dernier tentait, en vain, de faire un peu d’humour. Puis enfin, tu m’es apparu dans ta plus froide pâleur, tout entier offert à mon corps récalcitrant. Je m’adressais alors une dernière fois au manipulateur, lui interdisant de me faire le moindre commentaire, avant de disparaitre dans les méandres de tes entrailles... Bon, c’est vrai, une fois parvenu à cette étape, après avoir passé une heure de préliminaires sous les couvertures à essayer de se concentrer sur sa respiration pour ne pas devenir complètement hystérique, tu as été relativement rapide, c’en est presque décevant... Non, excuse moi, je plaisante ! Une fois extraite de ta bouche béante, le même manipulateur m’a demandé si j’avais eu froid durant l’heure des préliminaires.

 

-  « POURQUOI ?????

-  Non, pour rien, ne vous inquiétez pas. »

 

Ne vous inquiétez pas. Ne vous inquiétez pas. Ne. Vous. Inquiétez. Pas... Ca veut dire quoi exactement ? Qu’il a vu les résultats ? Qu’y eu un problème avec l’examen ? Ne vous inquiétez pas ? Il a vu les résultats mais il a rien dit ...

 

Sur-ce, interrompant cette rengaine cyclique, hypnotique, psychotique névrotique, on me proposa un en cas : sandwiches, biscuits, des bonnes madeleines de grand-mère dans une nouvelle petite pièce. Tout compte fait je voulais qu’on me le dise mais sans me le dire vraiment. Oui ... Mais non. Non. Oui... L’idée d’avaler quoi que ce soit en dehors de ma salive était impensable. Pour finir, je me suis retrouvée devant une dame assise devant un écran où apparaissait un squelette fluorescent sur fond noir. C’était le mien ...

 

-  « Bon et alors ??????

-  Alors vous voyez tous ces petits points ?

-  ..... Oui .... Et ... C’est quoi ?????

- Et bien ce sont des points créés par des tremblements. La machine a enregistré des spasmes.

(Ben ouai tu m’étonnes !)

-  Et c’est tout ????

-  Oui, je vais encore regarder mais oui je crois qu’il n’y a rien de plus.

(Remarque, ce qu’il y a déjà suffit amplement à mon bonheur)

-  Ah. Merci, merci, bonne journée !!! » 

 

Grâce à toi, j’ai découvert un des plus grands moments de tension puis de  relâchement nerveux de toute mon existence. Merci TEPI, mon pote ! Après ce qu’on a vécu, tu permets que je t’appelle TEPI j’espère ?

 

La bonne nouvelle, c’est que nous avons une nouvelle fois rendez-vous toi et moi. Et mon petit doigt me dit que ce ne sera pas la dernière ! Alors, heureux ? Je sais que tu le sais que je sais que nous le savons tous deux .... Alors TEPI, je sais qu’on va super bien s’entendre tous les deux. En attendant, porte toi bien. Bisous bisous.