Tchin-tchin

- “Le pire dans tout ça, c’est que pendant un an on peut même pas se prendre une cuite!”

 

Voilà une parole sage. J’ai acquiescé sans hésitation. La scène s’est déroulée dans la sale de chimiothérapie. Oui, passons dans l’envers du décor, là où personne n’a envie d’aller. Démystifions tout ça. Une folle ambiance règne en ce lieu impromptu. L’avantage étant que tous ceux qui s’y trouvent sont dans la même galère (à quelques nuances près tout de même), il devient très facile d’y tisser des liens. Personne ne juge personne, tout le monde est trop occupé à avoir la trouille. Puis contrairement à bon nombre de bars, pubs, clubs, ou autres lieux de déchéance, celui-ci brasse une quantité industrielle de gens. Femmes et hommes de tous âges, tous penchants sexuels toutes religions et toutes convictions confondues. En gros, c’est une affaire qui tourne ! C’est là qu’aurait dû se dérouler la manif du 11 Janvier. Tous à l’unisson.

 

A l’instar des serveurs, le personnel infirmier, dont je salue ici l’extrême sympathie, vous sert votre dose pendant que pouvez converser à souhait avec vos voisins de chambrée. En plus, vous ne payez même pas en partant.

 

Quelques petites choses à savoir tout de même si l’on ne veut pas être surpris. Si vous apercevez des martiens ambulants reconnaissables à leurs grosses têtes bleues, pas d’inquiétude, ce sont de vrais humains. En effet, une solution est proposée pour avoir une infime chance de ne pas perdre ses cheveux : le casque. Un rêve ! Alors qu’on est confortablement installés dans un des fauteuils aérodynamiques avec télécommande intégrée, un des charmants infirmiers vous place le fameux casque. Une énorme masse bleue et congelée vous englobe alors la tête. Au bout d’une demi heure, c’est logiquement l’ensemble du corps qui est gelé. Un grand moment de solitude. Branchée à un appareil ambulatoire,  affublée de cette lourdeur frigorifique, il ne me manquait plus qu’un plaid sur les genoux pour atteindre le nirvana de la sexy attitude. J’ai préféré renoncer au casque. Après tout c’est pas tous les jours qu’on peut admirer son crâne. Et puis, pas de crâne, pas de xena.

 

Ceci dit, il m’est arrivé de rire sincèrement en ces instants divins. Et je ne suis pas la seule.

 

Un jour où tous les fauteuils étaient occupés, (je vous le disais, y a un monde fou) je me retrouvai sur un lit entre deux paravents. Autour de moi, tous respiraient la bonne humeur, infirmiers, wondermam (à peu près) et ma voisine de comptoir, derrière le paravent de gauche. Si je ne pouvais la voir, en revanche je l’entendais glousser, voir même rire aux éclats.

 

         -« Excusez moi, je suis vraiment désolée » sortant la tête de son compartiment.

 

La cause en était un film qu’elle visionnait de son ordinateur. Après avoir échangé quelques mots sur nos pathologies mutuelles dont je vous épargnerai la retranscription, nous nous sommes rendues compte que nous avions certains points communs. La jeunesse, les voyages et la fête. D’où la douce déclaration en ouverture de ce chapitre. Bref, au terme de toute cette histoire, en attendant daller se vautrer sous un cocotier, rendez-vous au bar pour fêter ça.

 

Za Vashe Zdorovie !!!

Le chat - Geluck
Le chat - Geluck