Paradis

Navire dans la tempête
Navire dans la tempête

Je m’é ... Je m’es ... Je m’essouffle. Je m’essouffle. Pas. Je m’essouffle pas. Mes pas se suivent, laborieux, emmêlés. Les mots viennent à manquer.  Dans la tempête, les récits jaillissent comme de l’écume. Les rafales s’engouffrent, les objets s’envolent, les monstres surgissent des abysses. Dans la tempête, il faut colmater les brèches, on sauve les meubles. Une petite accalmie et tout devient lent. Le temps s’arrête, il fait des caprices, il prend sa revanche. Dans la tempête on transpire, les rouges sont vifs, les bleus profonds. La mer se lisse et le silence s’impose. Il reste des lambeaux de tissus, des assiettes cassées, des poubelles renversées. Un désordre tranquille. Un apaisement vertigineux. Après une tempête, les petites histoires deviennent de minuscules histoires et finissent par disparaitre. La tempête s’éloigne et ses sirènes ne sont que de pales échos dans l’immensité. Pourtant le soleil est filtré. Une grisaille subsiste. Au milieu du chemin entre une terre et une autre. Une terre promise, une terre prévue. Presque là, presque palpable tant on l’imagine. Une terre encore invisible. Elle est là droit devant, inscrite, une terre répertoriée. En plaçant son compas au bon endroit sur la carte, on tombe dessus c’est sûr. Sûr. Cap droit devant toute voile dehors. Au delà du brouillard. La promesse d’un paradis. Pas le vrai, pas le grand, pas celui qui n’existe pas. Non, le paradis sur terre, teinté de noir. Le paradissolu, le paradisgracieux, le paradissonant. Celui où on ne s’emmerde pas. Reste à parcourir l’autre moitié du chemin. Alors, on tient la barre.

Impression - Mississipi
Impression - Mississipi